Arrivé d'un souvenir

Cela faisait un moment que la brune voulait faire ce voyage. Mais non. Toujours et encore elle repoussait la date.
Depuis la mort de Mymy sa vie avait changé. Elle avait l'impression qu'une partie de son âme était morte avec elle. Pourtant elle continuait d'afficher son sourire mutin à tous ceux qui croisaient son regard.
Mais parfois s'ils regardaient bien, ils pouvaient percevoir dans ses yeux une once de brume, quelque chose de sombre et de flamboyant à la fois. Quelque chose qui l'avait changé.

La jeune comtesse finit par prendre la route. Enfin. Il fallait qu'elle le voit. Avait il les même yeux que Mylène ? Ou son sourire ? Son caractère peut être...
Allait il la reconnaître ?
Non...
Sans doute pas. Il était bien jeune quand ils s'étaient rencontré. Enfin en même temps elle était pas beaucoup plus vieille. Mais les années avaient passé.
A vingt printemps la demoiselle avait fait un bout de chemin depuis qu'elle avait vut le garçon. Enfin sûrement un homme maintenant.
Elle même encore une gamine à cette époque, mais amie, soeur de coeur de sa mentholée, elle avait rencontré son jeune fils le jour où elle avait rejoint le Très Haut.
Puis il était reparti avec son père.

Elle finit enfin par arriver devant la demeure de My... du fils de Mylene et Jérémy.
Le cortège comtal s'arrêta quelques mètres avant et Lily ordanna qu'ils dressent des tentes. Elle voulait y aller seule.
Pas besoin d'arriver avec toute sa troupe de protecteurs.

Elle descendit donc du carosse et sauta sur Amistat, sa fidèle shire. Puis elle se présenta à la herse et interpella un garde

"Bonjorn, pouvez vous annoncer au maître des lieux que Lily-Jane de Cognin Franchesse Casaviecchi Von Waldershut, Comtesse de Lavaur, Dame de Labastide Saint Pierre désire le voir ?"

Elle se mordit machinalement la lèvre inférieur, se demandant si ce garde allait retenir son nom... Enfin du moment qu'il retient Lily-Jane...

Puis elle attendit, droite sur sa monture. Ses longs cheveux noirs, si semblable à ceux de Mymy fouettaient l'air, tandis que son visage diaphane semblait plus pâle que d'habitude.

Le jeune Malemort s'était absenté depuis plusieurs semaines déjà, depuis peu il était Capitaine du Limousin et de La Marche. Il devait l'admettre il courrait un peu partout...M'enfin il avait voulu ce poste ainsi que les responsabilités qui vont avec...
Grimpant sur Elros il prenait la direction du domaine de ses parents afin de vérifier si tout était en ordre. Après ces semaines passées il espérait que la demeure était restée intacte. De toute façon il y avait le garde, ce n'est pas comme ci il y avait personne...

Au bout de plusieurs heures de route il arrivait enfin au domaine, il emmenait sa monture aux écuries puis se rendait ensuite dans ses quartiers, il se laissait tombé dans un fauteuil puis profitait de cet instant paisible qui ne durait pas longtemps...En effet le garde venait de lui annoncer l'arrivée d'une certaine Lily-Jane qui désirait le voir...Prenant appuis sur les bras du fauteuil il se levait puis sortait dehors précédé du garde...Jetant un oeil il remarquait un carrosse ainsi que des hommes...Levant légèrement un sourcil il posait sa main sur le pommeau de son arme puis se rendait jusqu'au portail où la cavalière attendait...

Baissant légèrement son visage il venait de remarquer qu'il n'avait pas retiré son insigne de Capitaine et qu'il était complètement débraillé...Bof tant pis, de toute façon ça n'allait pas gêner...Du moins il l'espérait.

Le jeune Capitaine se tournait vers le garde et prenait la parole...

Ouvrez les portes !

Tandis que le garde ouvrait les portes Argawaen fixait cette dame, à en juger par ses habits elle devait faire partit de la noblesse, il se demandait bien ce qu'elle lui voulait...Le jeune homme se plaçait devant la monture de Lily-Jane lorsque son regard croisait le sien...Il était sur de l'avoir déjà vu...Mais où?...

D'un ton assez froid il disait...

Vous êtes? Que voulez-vous?

Une attente de quelques minutes qui sembla durer que quelques secondes, tant la jeune femme appréhendait ce moment.
Derrière les lourdes portes du castel, elle perçut une légère agitation, signe qu'elles allaient certainement s'ouvrir, ce qui fut confirmé par une voix d'homme en donnant l'ordre...
Était-ce lui ?
La demoiselle sentit son coeur louper un battement. Elle avait tant imaginé ce moment, le tournant dans plusieurs conditions possibles, fins imaginables ou autres évènements.
Qui sait ce qui se passerait.
Pour certains cela pouvait sembler un moment dérisoire dans une vie, mais pour Lily s'était important.
Celui qu'elle allait voir était le fils de celle qui fut sa meilleure amie, une soeur, un mentor.
Et la mort de Mymy avait brisé la demoiselle.

Lorsque les portes s'ouvrirent donc, la jeune comtesse pressa très légèrement les talons sur les flancs de sa monture pour qu'elle avance de quelques pas, puis effectua une autre pression ensuite aux rênes pour la stopper quand un homme se plaça devant elle après qu'elle eut croisé son regard.
Tout en ce faisant, un frisson parcourut sa colonne vertébrale.

C'était lui.

Il n'était plus le petit garçon qu'elle avait rencontré lorsqu'elle était adolescente. Il n'avait plus sur son visage les traits enfantins, l'innocence d'un jeune âge.
Mais quelque chose restait de leur dernière rencontre. Un certain éclat dans les yeux, elle ne saurait dire lequel. Quelque chose qui l'avait marqué à l'époque, mais dont elle avait fait abstraction, tant elle était bouleversée par la situation.

Il ne la reconnaissait pas. Ce qui était normal... Cela faisait longtemps, si longtemps.
Quel âge avait elle lorsqu'elle l'avait vu ? Et lui ? Elle en savait rien non plus. Leur première et seule rencontre eut lieu le jour de la mort de Mylène.
Puis plus rien...

La demoiselle l'observa quelques secondes sans rien dire, détaillant son visage, sa façon d'être, cherchant les similitudes avec Mylène.
Puis toujours sans un mot elle mit pieds à terre avec grâce et se retrouva face à lui.

Il était maintenant plus grand qu'elle.

Les yeux légèrement brillant par l'émotion, elle entrouvrit enfin la bouche et dit de sa voix chantante du sud

Argawaen...

Besoin de prononcer une fois son nom pour réaliser la véracité de ce moment

Je suis... *moment d'hésitation... et s'il ne se souvenait pas ?* Lily-Jane... J'étais une très bonne amie de My.. Votre mère. Nous nous sommes vus il y a très longtemps...

Argawaen observait la Dame descendre de sa monture et se placer devant lui, baissant légèrement le visage et les sourcils il ne la quittait pas du regard...Mais qui était-elle?...Ce visage lui était familier et étranger à la fois...Où l'avait-il vu? Etait-ce dans des rêves ou dans la réalité? Le jeune homme ne savait pas et il espérait bientôt avoir une réponse à ses questions...

La femme en face de lui prononçait son nom...Ils s'étaient déjà vus...Mais il ne savait toujours pas où...Cependant lorsqu'elle continuait et qu'elle se présentait il eu comme un retour en arrière...Son père, sa mère, un autre homme et cette femme à la chevelure noire corbeau...Lily-Jane...Ce nom raisonnait dans sa tête, il restait immobile quelques instants ne disant mots...Redressant légèrement le visage, plongeant son regard dans le sien avec froideur il répondait...

Le jour du décès de ma mère...C'est donc vous...La Comtesse Lily-Jane qui était supposée être ma marraine...

Le jeune Capitaine resserrait son emprise sur son arme instinctivement et il sentait une colère l'envahir...Regardant la Comtesse il prenait la parole d'un ton inflexible...

Je vous avais envoyé un courrier, je n'ai pas eu de réponses...Amie de ma mère peut être, mais pour moi vous êtes une inconnue...

Le jeune Malemort se décalait sur le côté et lui indiquait le chemin de l'entrée.

C'est par ici. Garde ! Veuillez emmener la monture de lily-Jane aux écuries.

Le regard froid qui était dans le sien était aussi douloureux qu’une lame dans le ventre, pour l’avoir vécu dernièrement, elle eut même l’impression qu’elle aurait préféré mille sensations identique à sa chair transpercée que ce regard venant de lui.
Pourquoi être si bouleversée pour quelqu’un qu’elle ne connaissait pas. Elle si forte et maîtresse de ses émotions en toutes occasions, de marbre quand il s’agissait d’elle, perdait pieds.
Elle était supposée être sa marraine. Elle ne le savait pas. Certes Mymy et elle avait toujours dit qu’il en serait ainsi pour leurs enfants…
Mais lorsqu’elle avait disparut, la jeune femme devint à peine l’ombre d’elle-même et se jeta dans le travail, oubliant de vivre.

Une lettre… Oui elle s’en souvenait. Elle avait fait ce qui était nécessaire à l’époque, mais où vont les colombes qui se perdent dans la noirceur de ce monde…
Puis des évènements survinrent. Tragiques.
D’autres coup du sort sur le cœur de la demoiselle qui fit qu’elle n’arrivait plus à penser, plus à voir, entre la vie et la mort pendant quelques temps.
Mais que seraient ces explications. Il les balayerait sûrement de ce même regard.

Les lèvres de la comtesse tremblèrent un instant et le sentiment de tristesse fut si fort qu’elle ne parvint pas à retenir une larme qui roula sur sa joue pour se perdre plus bas.

Je suis désolée… fut tout ce qui sortit de sa bouche à sa réplique blessante. Que pouvait il en avoir à faire du pourquoi elle n’avait pas réessayé de le contacter…. Il avait eut sa vie durant ces années. Et elle un semblant de cela.
Aujourd’hui elle portait à nouveau ce masque de bonne humeur face aux autres, mais au fond d’elle une brume de souvenirs sombres la noyait de l’intérieur.
Depuis quelques temps déjà autre chose la perturbait, comme si elle sentait que quelque chose allait arriver. Une angoisse incessante qui l’amenait à tenter de sortir de cette torpeur.

Il lui indiqua d’un mouvement l’entrée de la demeure tout en ordonnant qu’Amistat soit conduite aux écuries.
La demoiselle passa rapidement une main dans la crinière de sa jument, geste protecteur et rassurant puis la lâcha et avança vers l’endroit indiqué, tournant ainsi le dos à Argawaen, afin de cacher les autres larmes qui venaient.

Restant toujours inflexible il ne cessait pas de regarder l'amie de sa défunte mère...Une larme roulait sur la joue de la femme, sans nulle doute que ses paroles et des pensées avaient du être blessantes pour elle...Argawaen disait ce qu'il avait à dire, il détestait passer par quatre chemins...
Elle était désolée, mais c'était trop tard, le temps avait passé et il s'était débrouillé seul, plus ça allait plus il avait de moins en moins confiance aux personnes. M'enfin il y avait tout de même des exceptions...
Le jeune homme suivait la Comtesse dans la demeure et une fois à l'intérieur il l'invitait à s'asseoir.

Vous pouvez prendre place sur un fauteuil si vous le souhaitez.

Comme tout bon hôte il sortait deux verres et de la boisson et déposait le tout sur la table basse, il se servait un verre de prune puis prenait la parole...

Vous désirez quelque chose?

Avant même qu'elle n'ait eu le temps de répondre il continuait...

Durant toutes ces années je n'ai pas eu de nouvelles de vous, et aujourd'hui vous êtes devant moi...Pourquoi êtes-vous venue?

Des tas de questions lui venaient, il voulait seulement comprendre...

La jeune femme s'assit sur un fauteuil comme proposé. De toute façon elle n'aurait pas sut rester debout bien longtemps. Elle le regarda se servir, puis vint les questions. Enfin la question... Pourquoi était elle là.
Si elle le savait elle même. Enfin si, elle savait, mais ne trouvait pas comment l'expliquer.

Je ne vous ai pas donné de nouvelles. Certes. C'est une erreur de ma part et je l'avoue, j'ai tous les tords à ce niveau. J'ai été égoïste en ne pensant qu'à mes problèmes et en oubliant le reste.
Après votre lettre, il s'est passé des choses chez moi qui ont fait que je n'ai put penser à autre chose qu'à les régler. *essayer de survivre surtout pensa-t-elle*
J'aurai du... mais je ne l'ai pas fait et je m'en veux. Je me doute que vous n'en avez cure de mes excuses et ce qui est fait est fait. Les paroles n'effacent pas les actes.

Elle baissa les yeux un instant puis le regarda à nouveau

Je suis venue pour vous voir, pour vous connaître, ou apprendre à vous connaître. Je suis venue car j'en avais besoin... *lui dire que lorsqu'elle avait reçut cette épée dans le ventre, quand ces huit personnes l'avaient frappé à mort et lorque son coeur s'était arrêté de battre l'espace de quelques secondes, elle avait vu Mylène, son sourire, sa main tendue... il ne comprendrait pas sans doute*

En souvenir de Mylène, et l'envie de savoir ce que vous deveniez... Si vous aussi vous aviez envie de me connaître...

N'ayant pas répondu à sa question le jeune Malemort servait un verre à la Comtesse et le posé à proximité d'elle.
Argawaen la fixait, il ne répondait pas et la laissait parler...Effectivement les excuses ne servaient à rien, mais au moins elle avait une part de conscience qui lui disait qu'elle avait fait une erreur. Il ne pouvait pas la blâmer pour ça...

Le jeune homme soutenait de plus en plus son regard, elle était venue ici car elle en avait besoin...Pourquoi maintenant subitement? Tout cela n'avait aucun sens...Le jeune Capitaine ne disait rien, il préférait se taire pour une fois...
Argawaen portait son verre à ses lèvres et buvait une gorgée, il prenait ensuite la parole.

Depuis la mort de mon père j'ai quitté mon duché natal, je me suis installé à Ventadour, en Limousin. Je suis actuellement Capitaine de l'armée Limousine. J'ai mis pas mal de temps à faire mon deuil mais maintenant qu'il est fait je ne me prendrais plus la tête pour des choses qui n'en valent pas la peine. Après ces instants d'horreur passés il y a quelques années plus rien ne me fera chavirer cette fois-ci. Je resterais toujours debout et ça jusqu'à mon dernier souffle.

Marquant une pause il reprenait...

J'ai toujours envie de connaître des gens, surtout ceux qui ont connus mes parents...J'aurais aimé vous connaître plus tôt et peut être que nous nous serions pas rencontrés en de telles circonstances, ici et avec des propos plutôt froids et tristes.
Dite m'en plus sur ma défunte mère...Quelle genre de femme était-elle?

Lily se mordit machinalement la lèvre inférieure. Oui elle aurait dut venir avant... Un regard pour le verre servit, elle le prit en main et trempa ses lèvres.
Presque instinctivement, un léger sourire se dessina sur ses lèvres. De la prune. Ainsi il avait un goût commun avec sa mère.
Elle le regarda à nouveau. Il demandait de parler de Mylène. Chose qu'elle s'était refusée de faire depuis sa mort, tant il était douloureux pour elle de s'en souvenir, tant elle lui manquait.
Mais étrangement se fut différent. Les mots sortirent simplement, chantants, et ses yeux s'allumèrent d'une flamme qui n'avait pas briller dans son regard depuis bien trop longtemps

Mylène.... C'était une femme admirable. Bornée et caractérielle. Une amie fidèle et qui ne machait jamais ses mots. Tout ce qu'elle avait à dire, elle le disait, sans hésitation.
Elle était fougueuse et aimait la vie autant qu'elle aimait ceux en qui elle tenait.
Ceux qui osaient faire souffrir ses amis le payaient cher. Elle était un soutient infaillible.

Quand elle avait quelque chose en tête, n'était pas né celui qui lui enlèverait. J'aimais votre mère comme une soeur, comme une mère, comme une fille, comme un seconde moitié de moi.
Nous avons beaucoup fait ensemble, nous marchions ensemble, nous riions ensemble, nous pleurions ensemble, elle était tout pour moi.

Je n'ai jamais connu quelqu'un qui avait sa force et sa gentillesse. Elle aurait pu soulever des montagnes si cela s'était avéré nécessaire.

Elle aimait la vie et la vie l'aimait en retour. Et quand on était avec elle, rien ne pouvait assombrir notre existence.
Elle ne voulait pas mourir... Elle voulait faire de grandes choses, bien qu'elle en aient fait énormément. Il lui manquait toujours quelque chose.
Je sais qu'elle a évité la mort nombre de fois avant que celle ci ne la rattrape. Mais avant que cela fut arrivé, elle avait réussi. Elle avait fait la dernière chose qu'elle voulait au fond d'elle...
Elle vous a eut.

Tant de mots, tant de choses sur sa mère...Comme il aurait voulu la connaître...Partager des moments avec elle...Le jeune homme plongeait son nez dans le son verre buvant une gorgée. Il fermait les yeux et lorsqu'il expirait il sentait l'odeur de la prune remonter, un léger sourire se dessinait sur son visage, cette odeur, ce goût fruité et qui vous brûle en même temps...Cela lui rappelait la douce odeur de sa mère et sa colère lorsqu'il faisait des bêtises...Le jeune homme n'arrivait presque plus à distinguer son visage avec le temps, seul celui de son père restait à peu près "visible" en lui...Ce qu'il a partageait avec son père était paternel, il eu une éducation de soldat, tout devait être carré, clair, précis, bien qu'il avait toujours veillé sur lui il n'avait pas eu l'affection d'une mère...Son défunt père avait été présent après la mort de sa mère et lorsque sa propre mort approchait...

Argawaen secouait légèrement le visage pour sortir de ces pensées malsaines...Il avait tourné la page et devait s'y tenir, il était hors de question de replonger dans ce passé si sombre...Mais comment ne pas y repenser avec la présence de la Comtesse?...
Léger soupir il redressait le visage prenant la parole...

Merci...Laisse un blanc puis renifle reprenait...De m'en avoir dit autant sur ma mère...J'aurais tant aimé la connaître autrement que mon visage d'enfant...

Le jeune terminait son verre d'une traite puis se levait, il se dirigeait vers le comptoir et rapportait une bouteille de Bourgogne cette fois-ci...

Maintenant que nos artères sont biens entamées on va peut être commencer à nettoyer vous pensez pas?

Sortant sa dague il ouvrait la bouteille avec puis servait deux verres. Il remettait sa dague au fourreau et reprenait place au fauteuil.

Que voulez-vous savoir d'autre sur moi?

Lily le regardait, se demandant comment elle avait pu attendre aussi longtemps avant de se décider de le voir. Elle lui aurait conté durant ses dernières années d’enfance les histoires sur sa mère, elle lui aurait montré ce qu’était la vie, et comment elle peut être belle si l’on essaye de la voir ainsi.
Que même si elle est emplit d’épreuves plus difficiles les unes que les autres, on a toujours quelqu’un qui veille sur soi et qui nous rappelle qu’il faut savoir la vivre.
Mais elle n’était pas venue. Et elle ne pourrait effacer le passé.
Elle ne connaissait pas son histoire, elle ne savait pas ce qu’il avait fait depuis leurs dernières rencontres.
Elle avait sans doute mille questions à lui poser.
Celles-ci viendraient sans doute.
Mais une chose la perturbait.
La dernière fois qu’elle l’avait vu, elle se souvenait de son regard. Il y avait en celui-ci une flamme identique à celle de Mymy.
Mais aujourd’hui elle semblait masquer par un voile sombre. Pourquoi… C’était la question qu’elle se posait.
Mais qu’elle ne poserait pas. Du moins pas encore.

Elle esquissa un léger sourire à sa remarque et accepta la coupe de vin. Après avoir but une gorgée, elle réfléchit encore à sa question… Lui demander ce qu’il faisait dans la vie ? Non. Elle savait. Ses couleurs préférées, Est-ce qu’il aimait lui aussi, comme sa mère, les rouleaux mentholés, aimait il le jour ou la nuit, se battait il uniquement quand il n’avait pas le choix… et encore d’autres questions…
La première vint

Qu’aimez vous de la vie ?

Portant le verre à ses lèvres il ne quittait pas du regard l'amie de sa défunte mère, le jeune Malemort posait ensuite délicatement le verre sur la table basse écoutant la question de son invité...
Ce qu'il aimait de la vie? Il devait l'admettre...Pas grand chose...La vie lui avait enlevé ses parents, lui avait offert d'être orphelin au lieu de connaître la joie d'avoir des parents et il y a peu de temps elle lui avait enlevée sa bien aimée et l'enfant qui était en elle...
Serrant du poing il s'adressait d'un ton froid...

Ce que j'aime de la vie? Pas grand chose...Je n'ai pas eu la joie de grandir auprès de mes parents et il y a quelques jours ma compagne a perdue notre enfant...Je l'ai sans doute perdu aussi par la même occasion...

Plus le temps passait plus il dénigrait la religion, était haineux envers les hommes, cette colère noire l'envahissait petit à petit...Mais heureusement elle se dissipée lorsqu'il était auprès de sa bien aimée...M'enfin là maintenant plus rien ne l'empêcherait d'être celui qu'il aurait du toujours être..."Le Sanglant"...

La brune le regardait, étrangement émue. Elle était sincèrement triste pour lui et il n'y avait aucune pitié dans son regard, juste une réelle compréhension.
Elle même avait vécu des évènements similaires, et elle comprenait ce qu'il devait ressentir. Elle espérait juste que la colére ne s'insinuerait pas en lui, entièrement, et qu'il finirait par accepter que la vie n'était pas forcément toujours belle pour tout le monde et qu'elle était semée d'embûches et d'épreuves, très souvent difficile à surmonter.

Je suis vraiment désolée pour vous... C'est une chose terrible que de perdre son enfant, de même que de perdre la personne que l'on aime... On se perd un peu soi même avec leurs départs.

Elle baissa les yeux quelques secondes, songeant à l'enfant qu'elle avait perdue alors qu'il était encore en elle, le jour où elle avait reçue cette lame dans le ventre. Elle n'en avait jamais parlé à personne, et même le père n'était pas au courant. D'autant que celui ci après avoir "joué" avec elle, était parti vers d'autres femmes...

Je ne vais pas vous dire qu'il faut tourner la page, qu'avec le temps vous oublierez, et que bientôt tout ira mieux. Non... Cela serait vous mentir.
Vous devrez vivre avec cela votre vie durant, sans jamais vraiment parvenir à l'accepter.
Tout ce que je peux vous dire, c'est que quoi que vous puissiez penser, vous n'êtes pas seul.
Chacun à sa part de malheur dans la vie, et certains en ont beaucoup plus que d'autres. C'est injuste, mais c'est ainsi.

Vous pourrez vous montrer souriant, heureux et plein de vie, parlant de tout et de rien avec les gens rencontrés, vous pourrez sans doute un jour à nouveau aimer, et fonder une famille. Mais vous aurez toujours cela dans le coeur.

La seule chose, c'est qu'il ne faut pas s'enfermer dans son malheur. Vous vous mettriez vos propres chaines, et cela, votre mère ne l'aurait pas accepté. Votre père non plus j'en suis sure.

C'est dur, ça fait mal, on pense alors que tout est contre nous et qu'il ne sert à rien de croire au petits bonheurs. Mais pourtant il le faut, de temps en temps...

Ecoutant la Comtesse il ne pouvait qu'être d'accord...Cependant croire était devenu quelque chose de difficile pour lui.
Pas qu'il ne croyait en rien, mais il avait du mal...Ou il ne croyait seulement ce qu'il voyait....Mais cela ne se présentait pas souvent pour l'instant. De plus il passait sa journée à râler, il était connu tel un ours mal léché...Cela le faisait sourire à chaque fois.

Sourire...Toujours sourire...Pourquoi sourire si ce n'est pas sincère? Devrais-je me caché derrière un sourire? Non surement pas...
Je me battrais à ma façon, mais je ne sourirais pas pour faire plaisir aux autres et attraper des crampes inutilement.

Vidant son verre de prune il continuait.

Je ne crois seulement ce que je vois, et ça rien ne me fera changer d'avis là-dessus. On pourrait croire les dires de certains, mais moi non, tant que j'en ai pas la certitude je ne crois rien.

Plongeant son regard dans le fond de son verre il se taisait quelques instants pensant à toutes ces promesses qui n'avaient pas été tenues...Comment croire aussi facilement maintenant?

La plupart des promesses ne sont pas tenues...

Soupir relevant le visage.

La vie n'est qu'utopie, nous nous forgeons un avenir, nous voulons des choses, mais jamais cela se passe comme on le souhaiterait. Et pourtant on s'accroche jusqu'au jour où l'on en a assez et l'on veut qu'une seule chose...Etre en paix...

Elle esquissa un sourire sans joie. Il n'avait pas tout à fait tord dans ses dires, et elle avait même l'impression de s'entendre il y a quelques temps de cela.
Ne plus croire en rien, ne plus espérer, comme cela on est moins déçu.
Triste vie.
Mais si la vie était facile, ça se saurait depuis le temps. Il devait cependant essayer, car si l'on part battu, on finit par se faire mal soi même.

Je ne vous dis pas que vous devez sourire à tout va. Je vous dis juste qu'il faut savoir prendre la vie comme elle vient. Chaque épreuve endurcit. Mais il reste tout de même une part de nous qui espère encore, et cela il ne faut pas la perdre.
Croyez en mon expérience...

Elle se tut un instant, puis finit par dire

Vous savez, je vous comprends. Mieux que vous ne le pensez.
J'ai vécu des moments de bonheur intense, certes. Mais j'ai eut aussi ma part de souffrance. Mon premier amour fut tuer sous mes yeux par des brigands, et ils ont failli me prendre la vie, mais ils ont préféré s'amuser avec moi puis me laisser avec leur horrible souvenir.

J'ai crut être morte de l'intérieur, mais j'ai survécut et j'ai recommencé à espérer. Et quand enfin je commençais à sourire à nouveau et à aimer, celui qui fut mon fiancé mourrut également dans des circonstances similaires.
Ensuite mes parents sont morts tous deux.

Puis les enfants de ma soeur. Je touchais le fond. Et votre mère est arrivée. Elle m'a réapprit à aimer la vie, petit à petit. Quand enfin je venais à me dire que cette vie valait la peine d'être vécu, elle est morte.

J'ai continué à vivre, à survivre. Je me suis donnée à mon Comté et j'ai travaillé, sans relâche, pour ne plus penser...
Je ne voulais plus rien. Je ne croyais plus en la chance.
J'avais encore une famille oui, mais ils ne voyaient pas ce qu'il y avait au fond de moi.
Je vivais pour eux, pour le comté, et mes seules distractions étaient des plaisirs avec des hommes de passage.

Jusqu'à ce qu'un jour je me rende compte que j'attendais un enfant de l'un deux. Un miracle à mes yeux, un espoir à mon coeur.

J'ai de nouveau retrouvé le sourire, sincère. Pas le masque que l'on met pour éviter les questions.
La vie avait de nouveau un sens.
Mais ce fut de courte durée.

Je me suis faites attaquer par 8 personnes. Des hérétiques. Après m'avoir bastonné, l'un d'eux m'a enfoncé son épée dans le ventre.

Une larme roula sans qu'elle s'en rendit compte.

Mon enfant était parti avant même que je ne puisse le serrer dans mes bras.
J'ai voulu mourrir J'allais mourrir. J'en avais assez de croire, de me battre, assez qu'on me dise que la vie était belle.
Mais le Très Haut en décidé autrement et m'a laisser vivre encore.

Pourquoi ? J'en sais rien.

Aujourd'hui je sais ce que vous ressentez. Je ne vous dirai jamais que tout s'arrangera. Car quoi que l'on fasse, on aura toujours ce genre d'épreuve dans la vie.

Mais à côté de tous ces malheurs. On est en vie. Pour ceux qu'on aime, qu'on a aimé, qui nous aiment.
Il faut vivre pour eux, et en cela, on arrivera à vivre pour soi.

Argawaen écoutait la Comtesse avec beaucoup d'attention, contrairement à lui ce qu'elle avait vécue était bien pire que lui...L'homme venait d'avoir une petite leçon de vie et cela n'était pas pour lui déplaire...Cependant il resterait toujours celui qu'il était, un ours mal léché ne croyant seulement ce qu'il verrait.

J'ajouterais une chose...Vivre pour ceux que l'on a aimés...Et si ces personnes là ne nous aiment plus? Devrions-nous continuer de vivre pour eux?

Le jeune Malemort soutenait son regard en attente de sa réponse...

Une question à réponses multiples... La jeune femme hésitait à répondre. Car les réponses pouvaient faire mal ou être difficile à accepter.
Mais il semblait ouvert et surtout, malgré sa colère qui se ressentait dans son regard, il n'ignorait pas ce qu'était la vie.
Elle le fixa à son tour, restant silencieuse quelques secondes, puis dit

Si vous les avez aimé, vous aimaient-ils en retour ? Si c'est ce que vous croyez, et qu'aujourd'hui ces personnes vous tournent le dos et vous font mal, c'est qu'elles ne vous ont jamais aimé sincèrement, ou pas suffisamment.

Alors non, ne vivaient pas pour eux.... Elle ne savait comment dire, mais décida de parler plus directement, sans faire attention à la forme

Ne vous pourrissez pas la vie pour des personnes qui n'en n'ont cure de vous, ou qui ne s'intéressent qu'à eux. Ils ne valent pas la peine.
La vie est courte, et franchement, ce n'est pas avec ce genre de personne qu'il faut la passer.
Laissez les de côté. Ne regardez plus vers eux.

Si vraiment ils vous ont aimé, alors cet amour perdura. Et ils reviendront d'eux mêmes. A ce moment là, ça sera à vous de voir si vous les aimez vraiment, pour les accepter de nouveau dans votre vie...

Je ne compte pas me pourrir la vie pour ces gens là, je compte bien passer outre.

Argawaen savait que si Emilie revenait il y aurait des explications...L'homme n'allait plus la laisser dans sa vie, il en avait assez d'attendre, de souffrir à cause d'une femme qui ne sait pas ce qu'elle veut...

Une chose est certaine, si mon ancienne compagne revient il y aura des explications et il sera hors de question de lui pardonner...Je l'ai attendu beaucoup de fois, j'ai espéré...Quand tout semblait aller enfin mieux tout cela a changé...

Soupirant il sentait ses yeux devenir humides et essayait de cacher son regard.

Je ne me prendrais plus la tête...

Lily esquissa un léger sourire et se pencha légèrement en avant, puis posa une main délicate sur la sienne

N'oubliez jamais qui vous êtes et ne vous laissez pas dépasser par vos sentiments. Vous êtes quelqu'un de bien, j'en suis certaine. Et quoi que vous fassiez, cela ne changera pas ce que vous êtes.

Puis elle se recula à nouveau

Vous aurez certainement l'occasion de faire beaucoup de choses. Prendre des décisions qui ne seront pas faciles, faire des choix. Je n'ai pas vraiment de conseils à vous donner, et puis je doute que vous les acceptiez si c'était l'inverse. Vous m'avez l'air d'une personne indépendante et avec un caractère aussi trempé que votre mère.

Elle sourit doucement

Je vous dirais juste ce que moi je suis en règle aujourd'hui : Je préfère regretter ce que j'ai fait, plutôt que ce que je n'ai pas osé faire.

Le sanglant l'écoutait attentivement ne perdant pas une miette de ce qu'elle disait, ne pas se laissé dépasser par les sentiments...Ca il n'y arrivait pas toujours, pourtant c'était pas faute d'avoir essayé...
L'homme la regardait se reculé, il prenait déjà des décisions, des choix qui n'étaient pas simple du à son grade.

Effectivement, je suis déjà dans ce cas étant Capitaine du Limousin, ce n'est pas facile tous les jours mais je m'en sors.
Ensuite il est sans doute vrai que je ne suivrais pas tous vos conseils, seulement ceux qui me sembleront le plus important...

Léger sourire sur son visage il terminait son verre et s'enfonçait dans le fauteuil.

La brune le regardait, sourire en coin. Elle ne doutait pas une seconde de la force de caractère de celui qui lui faisait face. Mais il devrait être prudent, et faire attention aux décisions qu'il prendrait.
Enfin... L'école de la vie était celle qu'elle préférait, et elle serait sans doute également la meilleure pour lui, quoi que cela puisse lui en couter.

Le temps s'était écoulé depuis son arrivée, ce qui, soit dit en passant, était plutôt chose courante. Elle joua machinalement avec une mèche de cheveux, puis elle écarta légèrement un pli de sa robe qui cachait en dessous une dague dans son étui de cuir usé. Le manche de l'arme brillait et avait en son centre une pierre verte.
Au dessus de celle ci, une lettre gravé "M".

Elle la sortit de l'étui doucement et la regarda quelques secondes, puis elle la tendit à Argawaen

Tenez... Elle était à votre mère. Elle vous revient.

Un blanc avait envahit la pièce durant quelques instants lorsque l'amie de sa défunte mère cherchait quelque chose sous le plie de sa robe...Jetant un oeil curieux il remarquait un fourreau et elle lui présentait une dague...Elle était magnifique et un "M" était gravé au-dessus d'une pierre verte...

Tenez... Elle était à votre mère. Elle vous revient.

Elle lui tendait la dague, l'homme l'arrêtait dans son geste et secouait la tête...

Si vous l'avez c'est qu'il y a une raison...Gardez là Comtesse...S'il vous plait...

Fixant son regard dans le sien il reprenait..

Ma mère vous l'a offerte, je vous l'offre également...

La jeune femme se mordilla la lèvre inférieure machinalement, les yeux légèrement brillants... Elle lui sourit doucement

Merci.... Mais s'il vous plait, appelez moi Lily...

Puis elle se leva, ne voulant pas non plus abuser de son hospitalité, se doutant qu'il avait surement des choses à faire puis rangea la dague dans son étui

Je ne vais pas vous déranger plus longtemps.... Je voulais juste vous dire tout de même, je sais que je n'ai pas été présente après le... départ de Mylène... Mais aujourd'hui, si vous avez le moindre besoin, ou juste l'envie de parler... N'hésitez pas, je serais là, je vous en fais la promesse...

Elle le regardait dans les yeux, et son regard reflétait sa sincérité...

Je voudrais juste vous demander encore une chose avant de partir... Puis je aller la voir ?... Enfin... Je voudrais aller me recueillir sur sa tombe...

[Suite au cimetière Wink

]